Me voici à la Rochelle, en attente du départ pour les Canaries à bord de Bielle, une goélette de 22m appartenant à une distillerie de rhum de Marie Galante (le hasard fait bien les choses). Le bateau a besoin de gros travaux avant le départ. Comment en suis-je arrivée là ? Retour sur mon périple à vélo.

Je suis partie de Carcassonne le 24 septembre en direction de l’Atlantique mais contrairement à ce que j’avais prévu, je n’étais pas seule. Mon père, le randonneur des Pyrénées et des Corbières, qui n’aime pas franchement le vélo a posé un jour de congé pour m’accompagner sur les 50 premiers km !
IMG_20180924_152211
Le chemin parcouru déjà plusieurs fois sur le Canal du Midi en direction de Toulouse me donne l’impression que ce n’est qu’une balade et non pas le Grand Départ. Quel plaisir de pédaler à ses côtés sous un beau soleil !
Puis, viens le temps des au revoirs et la boule dans la gorge de le voir s’éloigner au bout du chemin, en sens inverse du mien. Je continue donc ma route, seule.
La première nuit (fraiche) en camping “sauvage”, près d’une écluse à quelques dizaines de km de Toulouse, me donne un sentiment de liberté : “Ca y est, c’est parti pour l’aventure !”. Les nouilles au bouillon cube, beaucoup moins.
A Toulouse, je retrouve Aude et Alex, des amis de longue date qui m’accueillent une énième fois sur leur canapé déjà si souvent squatté (merci les copains !).
Après un rappel de vaccin à Purpan, direction le bar à tapas pour le pot de départ avec les amis du coin. Chouette soirée mais le départ de Toulouse prévu initialement à 7h30 se fera 1h et demi plus tard le lendemain matin.
Et là, ça se corse.
Je voudrais être au salon nautique du Grand Pavois à la Rochelle le 30 septembre pour mettre toutes les chances de mon côté de trouver un bateau. Le salon se terminant le 1er octobre, je n’ai pas d’autre choix que de pédaler beaucoup, et vite ! J’ai donc 276km à faire en 2 jours pour atteindre Bordeaux où je rends visite à ma sœur.
Par chance, au départ de Toulouse, le canal qui longe la Garonne est “principalement plat” comme dit Google Maps. Je m’apprête à planter ma tente à l’entrée d’un champ de maïs vers Agen après 130km parcourus, quand un couple à vélo m’invite chez eux pour la nuit.
Le voyage offre de belles surprises et cette rencontre en est une. Après avoir passé une très agréable soirée en compagnie de Catherine et Jocelyn, je repars le lendemain matin en direction de Bordeaux avec un petit pincement au cœur. La spontanéité et la sincérité de cet accueil me touchent.
Le bruissement des feuilles et le craquement des brindilles sur mon passage annoncent l’installation de l’automne. J’apprécie particulièrement de pédaler dans la fraîcheur du matin aux premiers rayons du soleil. Ils m’offrent le spectacle des volutes de vapeur s’élevant des talus qui bordent le canal. C’est beau et paisible. Malgré les 146km qui m’attendent aujourd’hui pour atteindre Bordeaux.
Après avoir longé différents canaux, traversé des forêts et de très beaux vallons dans la campagne girondine, j’arrive enfin chez ma soeur, sur les rotules. Je repars le lendemain, heureuse d’avoir pu la revoir avant de quitter la France.

Entre les détours imprévus et le vent de face, la route n’est parfois pas facile. Mais les magnifiques paysages qui se succèdent compensent la fatigue qui commence à bien se faire sentir.

IMG_20180928_142224

Je longe l’océan en remontant vers la Rochelle depuis Bordeaux. Quand la nuit tombe, il est difficile de trouver un endroit propice pour planter ma tente dans la forêt landaise composée principalement de pins et de broussailles au sol. Finalement, j’opte pour un coin éloigné de la route près d’une cabane qui s’avère être un repaire de chasseurs avec tables de découpe de gibiers et énorme frigo extérieur ! Malgré tout, les conditions que je recherche pour m’installer sont réunies dans cet ordre d’importance :

  1. ne pas être visible depuis la route
  2. un terrain plat dont le sol n’est pas jonché d’épines ou autres calamités susceptibles de percer le tapis de sol de ma tente et/ou mon matelas
  3. un point d’eau (robinet extérieur ici)

Je m’assure d’être seule et m’installe pour la nuit. Une chouette hulule juste au-dessus de ma tête, et après en avoir croisés dans la journée, j’entends les bramements des cerfs dans la nuit. Pas de doutes, je fais bien du camping sauvage !

IMG_20180928_200445

Je me dépêche de repartir le lendemain matin, non seulement pour éviter de croiser des chasseurs mais aussi pour être à l’heure pour le bac entre Verdon sur Mer et Royan. Finalement, il y a des chasseurs avec gilets oranges postés à attendre le sanglier à quelques centaines de mètres de là où j’ai dormi…gloups !

Je fonce au sens littéral du terme en direction de Verdon sur Mer, et regrette de ne pas avoir le temps de profiter des belles plages sauvages que je longe. C’est ça ou je rate le bac, et il s’en sera fallu de peu. J’atteins Royan en début d’après-midi, très fière d’avoir eu le bac de 11h55 en arrivant à 11h54 (les vieilles habitudes de retard sont toujours bien ancrées…sauf qu’aujourd’hui je suis à vélo, ça change la donne !)

Contrairement aux 75km que je pensais avoir à parcourir pour atteindre La Rochelle, il m’en reste réellement 110 en passant par la Vélodyssée, une piste cyclable qui longe l’Atlantique. J’en ai déjà parcourus 40 à toute vitesse ce matin et suis un peu désarçonnée par cette information apprise sur le port.

IMG_20180929_142234

Je continue pourtant ma route, parfois en suivant les déviations de cette piste cyclable, parfois en essayant de couper par les départementales. Je veux être à la Rochelle ce soir. Finalement, j’arrive à Rochefort à 20h et décide de prendre le train pour les 35km qui me restent à faire dans la nuit. J’aurais quand même parcouru un peu plus de 600km en 6 jours. Agnès et Philippe, un couple d’amis, m’accueillent à bras ouverts.

Demain, je vais au Grand Pavois, et demain, une autre aventure commence.


6 commentaires

Duclos-Grenet · 13 octobre 2018 à 20 h 51 min

Agnès ,tu nous fais rêver! Bisous. Claudine

    Agnesninie · 21 octobre 2018 à 12 h 02 min

    Il n’y a qu’un pas à franchir pour réaliser ses rêves 😉 Bisous

Géraldine, Pierre et Anaïs Marin · 14 octobre 2018 à 10 h 28 min

Bravo Agnès, nous continuerons de te suivre et de voyager avec toi. Bon vent !

M. Chobert · 3 novembre 2018 à 9 h 57 min

Bonjour Agnès, je prends enfin le temps pour te retrouver. Merci pour tout : je pense que nous allons nous remettre au vélo car tes photos et tes récits sont une vraie invitation. Bises

    Agnesninie · 6 novembre 2018 à 18 h 32 min

    Je suis ravie d’apprendre ça ! 🙂 Si vous avez besoin de conseils sur les vélos, itinéraires etc. n’hésitez pas !
    Bisous

Répondre à Géraldine, Pierre et Anaïs Marin Annuler la réponse

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Translate »